Connaissez-vous des personnes qui mentent?
Avez-vous déjà craint que vos enfants ne deviennent des « menteurs »?
Vous-mêmes vous est-il arrivé de mentir?
Je pense qu’à ces 3 questions, chacun d’entre nous, s’il est honnête, pourrait répondre oui.
Et je ne rentrerai pas dans le débat de savoir si c’est bien ou pas, s’il y a des mensonges
acceptables et d’autres non ou encore si le mensonge par omission est un vrai mensonge.
La vraie question à mon sens ne serait pas si nous avons déjà menti, mais plutôt pourquoi et
pourquoi nos enfants mentent?
Des réponses d’adultes seraient du genre
• Je ne voulais pas faire de peine
• Je ne pensais pas que c’était utile de tout dire
• Ça ne me semblait pas si important
• C’était mieux comme ça
• ...
En réalité, ce qui se cache très souvent derrière tout ça, c’est plutôt
• Je ne veux pas de conséquences
• Je ne veux pas être moins ou plus aimé
• Je ne veux pas ternir mon image
• Je ne veux pas avouer mes faiblesses
• Je ne veux pas prendre mes responsabilités
• Je ne veux pas décevoir
• ...
Et si nous apprenions à nos enfants à faire face à leurs erreurs pour que leur vie d’adulte soit plus authentique?
Il faut d’abord se rappeler que le lien d’attachement que nous allons créer sera le terreau de leur
confiance. Ensuite, il faut aussi se souvenir que jusque’à l’âge de +/- 25 ans, leur cerveau est en
pleine construction.
La théorie de l’attachement a été conceptualisée dans les années 1960 par John Bowlby,
(psychiatre et psychanalyste américain).
Dès la naissance de notre enfant, en répondant à ses besoins de sécurité et de protection en cas
de détresse, nous allons le construire.
Nous allons lui permettre d’explorer le monde, d’oser parce qu’il sait qu’il a un port d’attache.
Au fil du temps, en fonction de son âge, son terrain de jeu va s’agrandir, ses expériences vont
s’intensifier, il va gagner en autonomie et ... tester.
Qui dit expérience, dit aussi parfois mauvais choix ou erreurs mais c’est aussi ce qui nous fait
grandir.
Et nos réactions seront déterminantes, elles pourront soit le freiner, soit le valider.
Si notre enfant nous ment, c’est qu’il a conscience qu’il a mal agi.
Par contre est-ce qu’il nous ment parce qu’il veut éviter la conséquence ou parce qu’il pense qu’il
va nous décevoir?
Et ment-il parce qu’il a désobéi a une consigne ou parce qu’il veut embellir les choses?
Concernant les conséquences nous devons lui apprendre qu’elles font partie de la vie et que
notre rôle est de le protéger, d’anticiper ou simplement de poser un cadre qui est celui des règles
propres à sa famille.
Notre rôle est alors de prévenir, d’annoncer une conséquence adéquate et en lien avec le non
respect de la consigne. De la même manière, s’il y a non respect de la consigne ET mensonge, il y
aura un autre type de conséquence. La conséquence sera en lien avec le comportement,
l’évènement mais ne doit pas définir l’enfant.
Ce que je veux dire par là, c’est qu’en le traitant de menteur, on le définit comme un menteur mais
en réalité, il a juste agit à un moment X.
Si on lui dit « tu m’as profondément déçu », on le définit comme ne méritant pas notre amour,
alors que nous ne sommes déçu que d’un comportement à un moment X.
Si par contre je lui dis « je comprends que tu avais très envie de suivre tes copains malgré mon
interdiction et je comprends que tu n’avais pas envie de me le dire parce que tu savais qu’il y
aurait des conséquences. Tu as voulu tenter l’expérience maintenant c’est à toi d’assumer une
double conséquence pour l’interdiction et pour le mensonge. Ça ne change rien à mon amour
pour toi, néanmoins il y a des règles à respecter. Ma confiance t’est acquise mais si tu décides de
me mentir, tu me montres que tu n’es pas prêt pour une si grande faveur, penses y la prochaine
fois. »
Ou partager avec lui une réflexion sur la citation « faute avouée, à moitié pardonnée ».
Qu’en penses-tu? Que crois-tu? Et si je te disais que je pars 3 jours pour le travail et qu’en fait je
partais 3 jours en vacances, aimerais-tu ça? « ce n’est pas parce que tu me dis la vérité qu’il n’y
aura pas de conséquences mais ce sera un premier pas pour assumer tes choix. »
S’il ment pour embellir les choses, peut-être cherche-t-il à s’identifier à un personnage, un copain
ou une copine dont on a vanté les mérites ou peut-être est-ce un moyen d’attirer l’attention, peut-
être qu’il ne sent pas « assez » auprès de nous ou auprès des autres, c’est alors à nous de
creuser, d’en parler, de le rassurer plutôt que de le traiter de menteur.
Donc le lien d’attachement qu’on aura créé doit rester le terrain de l’amour et de la confiance et
notre rôle est de lui en apprendre les codes.
Au milieu de ce merveilleux chemin de l’apprentissage, nous devons aussi nous rappeler que le
cerveau de notre enfant est un chantier en pleine construction!
Le cerveau des émotions est celui qui est le plus actif et le plus réactif et ce qu’il faut retenir c’est
que le cerveau du raisonnement, de la créativité, de la réflexion, de l’analyse des conséquences
(cortex - néo-cortex) est celui qui est le moins développé et qui peut même être totalement
« coupé » au pic des émotions. En conséquence, espérer que notre enfant ait un raisonnement
d’adulte est peine perdue. Il n’agit pas contre nous, il n’agit pas par bêtise ou pour nous faire
enrager, il est simplement en construction et jusque’à peu près 25 ans!
Alors une fois encore, beaucoup de patience, d’intuition et d’amour!