Bien sûr, être aimé est un besoin vital, nous sommes des êtres connectés!
La pyramide de Maslow qui décrit les 5 besoins de base, pose d’ailleurs en troisième position (juste après les besoins physiologiques et les besoins de sécurité), le besoin d’appartenance.
On sait qu’un enfant se développera harmonieusement s’il a été aimé et entouré et on connait l’importance du lien d’attachement.
Vous souvenez-vous des enfants des orphelinats roumains ou la terrible expérience de René Spitz qui avait démontré que même si l’on donnait des soins physiques et de nourriture adéquats aux bébés sans établir de contact affectif, ils dépérissaient, pouvant se laisser aller à mourir?

Donc la question ne doit pas être débattue, l’amour est au centre de notre vie! Pour un parfait équilibre, la clé serait même « s’aimer, aimer et être aimé »
Et c’est là que le problème se pose parce que bien souvent, il n’y a pas d’équilibre.
Il y a même franchement un déséquilibre qui la plupart des temps fait pencher la balance anormalement du côté « d’être aimé » ce qui amènera beaucoup de souffrance, voir même des états dépressifs dans certains cas.

Connaissez-vous cette personne qui est incapable de dire non, qui ne supporte pas d’être détestée, qui ne peut même pas imaginer qu’on ne pense pas du bien d’elle?
Cette personne qui va se plier en 4 pour les autres au point de s’oublier et être dans une générosité disproportionnée?
Cette personne qui fuit les conflits parfois au prix d’elle-même, être aimé plutôt que s’affirmer! Cette personne susceptible si on ne lui a pas donné la marque d’attention qu’elle attendait et qui peut se faire tous les films possibles si on ne lui répond pas directement?

Malheureusement je suis certaine que vous en connaissez et si je dis malheureusement, c’est qu’il s’agit en fait d’une personne en souffrance, qui n’a pas appris à s’aimer et qui manque cruellement de confiance en elle.
Parce que dire oui à tout le monde, c’est se dire non à soi-même!
Parce que vouloir être aimé de tous, c’est ne privilégier aucun et manquer forcément d’authenticité par manque d’identité.
Si je vis à l’excès le besoin d’exister à travers la reconnaissance des autres, je vis à l’extérieur de moi. Et à force de mettre toute mon énergie vers et pour les autres, je deviens un caméléon sans énergie et sans couleur intérieure.

Ne pas développer chez un enfant, la confiance en lui et l’estime de lui, prépare un adulte qui passera sa vie à vouloir se faire aimer de tous et à n’importe quel prix.

Quelles sont les situations qui pourraient développer ce besoin extrême?

Un manque d’amour dans les gestes ou dans le verbal.
Un parent qui est parti et qui laisse une trace de « je ne suis pas assez pour qu’il soit resté ».
Un parent qui par son comportement montre qu’on doit tout accepter pour être aimé, au point de s’oublier, de tout pardonner.
Un parent qui veut avant tout que son enfant soit modeste au point de rabaisser ses propres mérites ou de n’y mettre aucun prestige ou de lui apprendre à s’effacer de façon exagérée.
Un parent qui a enseigné à l’enfant qu’il était le centre de l’Univers et dès son entrée dans la vie active, découvrant que ce n’est pas aussi vrai, il se met en quête de conquérir les autres.
Un parent sur protecteur qui à force de tout faire à la place de son enfant lui envoie le message de « je ne te fais pas confiance », « tu n’es pas capable ».

Apprenons d’abord à nos enfants à s’aimer, à s’affirmer, à reconnaître leurs besoins, leurs désirs, leur émotions, leur identité propre. Montrons leur le chemin pour qu’ils prennent soin d’eux et de ce qui leur fait du bien et validons que c’est important.

Développons leur confiance en eux en les observant, en les écoutant, en soutenant leurs erreurs et leurs échecs, en les laissant responsables de ce qui leur appartient, en célébrant leurs réussites, en encourageant leur autonomie, en les laissant vivre des frustrations pour qu’ils remplissent leur boîte à outils de trucs et astuces.
La confiance en soi c’est la reconnaissance de ses propres compétences.

Développons leur estime personnelle en soulignant tout ce qu’ils sont de magnifiques et évitons les étiquettes limitantes. Vous souvenez-vous de l’effet Pygmalion ou l’impact de la perception des adultes sur ce que devient un enfant?
Prenons soin des qualificatifs que nous donnerons à nos enfants pour qu’ils comprennent qu’on ne les définit pas, qu’on ne les enferme pas mais plutôt que dans cette situation précise, à cet instant x, ils sont spéciaux, déterminés, courageux, entreprenants, en progrès, en difficulté… Permettons leur de s’affirmer en les écoutant, en les accueillant dans leurs émotions, en leur demandant leurs avis, en les aidant à réfléchir « tiens toi tu aurais fait comment? tu aurais réagi comment? Tu aurais besoin de quoi là maintenant pour te sentir plus fort? »


L’estime de soi, c’est la reconnaissance de sa propre valeur. Et enfin, n’oublions pas que nous sommes un modèle et qu’à ce titre, nous devons d’abord prendre soin de nous, de nos croyances, de nos besoins, de nos désirs pour leur montrer que s’aimer soi d’abord, ce sera le plus beau des chemins pour aimer et être aimé.